Une autre migration : ma rencontre avec Agustina

"Mon histoire est celle d'une rencontre, en février 2000. Avec l’envie de dépaysement, de découvertes, d'autres vies, quittant l’Europe, je décide de m'installer au Cap Vert sur l'ile de Sal…

Au cours de mes premières visites, je découvre un archipel aux multiples visages. Au-delà des cols, au bout des routes pavées, abruptes, au détour des villages, mes voyages ne sont que rencontres et temps partagés. L'hospitalité étonne, ouvre chaque porte, déride chaque visage.

Ma rencontre avec Agustina dans son village de Palmeira, sur l'île de Sal, se fait par hasard. Je recherche un lieu pour manger quelque chose ; son petit bar de pêcheurs « terra e mar » est là, devant moi, géré par celle qui deviendra plus tard ma « seconde Maman », Agustina.

Malgré un cancer porté depuis quelques années, cette dame fait vivre sa famille et son entourage (25 personnes), avec énergie, volonté et gentillesse.

Son accueil reflète celui des Capverdiens, fidèle à une culture, un devoir, en bord de mer, en montagne, allié souvent à une pauvreté certaine. La porte est toujours ouverte pour l'étranger, la catchoupa (plat traditionnel) offerte.

Agustina est remarquable. A son retour sur « son île » de Maio, en 2010, après des soins longs et douloureux, elle retrouve sa famille et ses amis desquels elle était éloignée depuis des années. « Ce sera, se dit-elle, sans doute, mon dernier voyage à Maio ».

Plus tard, elle quitte l’île de Maio avec une petite fille de 2 ans, abandonnée dans la rue par sa maman et de père inconnu. Avec peu de moyens, physiquement épuisée, elle décide cependant d'élever cette petite fille capverdienne et de l'adopter. Elle la ramène sur l'ile de Sal, l'habille, la nourrit, l'éduque. La jeune fille y est heureuse.

Cette histoire est, pour moi, le symbole de la solidarité de l'Archipel du Cap vert. Bien sûr, la vie n'est pas facile ; les gens vivent simplement, mais se respectent, s'entraident ; les jeunes accompagnent les plus âgés pour vivre dans la dignité.

Ainsi, Agustina est devenue, au cœur de ma migration, la personne qui m'a définitivement convaincu de vivre au Cap vert. Quelle belle et heureuse expérience humaine !"

Pascal