L’exil : fatalité ou autre expérience ?

Par Françoise Moukwa Zegele
Originaire de la RDC,  lors de mes études, je partageais ma jeunesse entre la Belgique et le Congo.
Mais en 1987, les événements m’ont contrainte à m’installer définitivement en Europe, seule avec 5 enfants âgés de 2 à 12 ans.


Commence alors pour nous un vrai parcours de combattant, par moment, fort éprouvant et bien consciente que les discriminations touchent non seulement les étrangers, en général, mais plus largement tous ceux qui appartiennent aux minorités visibles. Il me fallait donc me battre pour nous faire exister.
Après la recherche d’un logement, qui nous a ouvert des droits, j’ai donc décidé de me lancer dans la vie professionnelle. Forte de mon diplôme d’Assistante sociale et de mon expérience professionnelle et personnelle, je travaille aujourd’hui à Bruxelles depuis plus de 20 ans dans la lutte contre l’exclusion et la pauvreté, et participe aux réflexions sur le logement, la migration et l’insertion sociale. Ce sont là des problématiques douloureuses et tours d’actualité qui me tiennent particulièrement à cœur pour les avoir vécues et qui m’ont fait comprendre toute l’importance des réseaux sociaux.
Je dois reconnaître que j’ai retrouvé mon équilibre, même en vivant dans un pays d’accueil. Et dans tout ce que j’entreprends, j’essaie de  partager mon enthousiasme et la joie de vivre. Je ne vis plus ma condition de migrante comme une fatalité.
En tout cas, je reste persuadée qu’en incluant dans tous ses projets la notion du développement intégral, l’exil devrait permettre aux migrants d’avoir aussi des rêves et de vivre d’autres expériences.