Migrations et frontières

Qui fixe les règles ? Y aurait-il un « super pouvoir » qui déciderait du crédit des uns ou du débit des autres quant à une comptabilité migratoire ? Et surtout de quel ordre de migrations parlons-nous

Ainsi, contrairement à ce que certains rares prophètes préconisent : sortie de la société close, migration intérieure comme extérieure, voyage vers la demeure éternelle…, la plupart des prêcheurs actuels fussent-ils politiques, sociaux, économiques, médiatiques, culturels ou confessionnels semblent décider de ce qui est bon pour « les autres » : les fameux « migrants » qui devraient s’enquérir de « s’intégrer » à l’image et à la ressemblance de « nous ». Vous avez franchi une frontière : il vous faut maintenant en franchir une autre, celle de l’« intégration » ; quels jeux de frontières bien stériles !

Alors que précisément, aucun de ces décideurs (pour compte d’autrui) ne semble bien à même de dire de quoi il retourne en termes de « définition ». Certes, des instances internationales (UNESCO, OIM) ou des associations diverses souvent nationales (pour le compte de qui ?) énoncent quelques approches quantitatives voir statistiques : mais que fondent qualitativement ces « définitions » ? Qui peut s’octroyer le droit « durable » de jeter un titre sur autrui : « tu seras dorénavant ‘un migrant’ qui doit ‘s’intégrer’ » (quel paradoxe !). Jusqu’à quel terme et pourquoi ? Bien difficile alors de répondre, n’est-ce pas ?

De même, quid des frontières ? Certes, là encore, l’Histoire, entre autres dans ces moments de violence, de guerre, de conquêtes, a semblé, de-ci, de-là, s’enquérir de la construction de frontières aux fondements naturels, culturels ? Qui sait ce qui convient à autrui quand moi, ma tribu, ma communauté, ma nation décide de s’emparer de ses terres et donc de fixer ses nouvelles frontières (terrestres ou célestes) ? Qui pourrait avoir le cœur honnête pour nous indiquer ce qui fonde « les frontières » ? Bien sûr, il ne s’agit pas là de manquer de réalisme « politique » ou « historique » (au sens de vouloir abattre les frontières au nom de quelque « justice dite migratoire ») mais bien plutôt de questionner l’absence d’une réalité consensuelle et définitivement pacifiante au travers des générations, des espaces et des temps (si tant est que ce soit possible) de ces dites frontières. En fait, de quelles frontières est-il question pour quels territoires (mot aujourd’hui fort usité comme celui de transition ou de durabilité : mais par qui et pour qui ?) ?

Deux remarques complémentaires : que nous disent à ce sujet les traditions spirituelles ou religieuses ? Que nous évoquent l’invasion de la technique et des médias, voire de la finance ou des économies entre autres monétaires ou supra-monétaires, en nos jours bien « post-humains » ?

Alors, y aurait-il encore un possible espace-territoire vide d’un exercice de pouvoir prédéfini où peut se penser calmement l’enjeu d’humanité qui unit mes frontières à ma migration au sens où nous sommes tous migrants et surtout que nous vivons tous de frontières mais pas uniquement de celles que certains décideurs (pour autrui) voudraient rendre infranchissables (excepté pour eux).

Bref, bienvenue à Josefa pour penser autrement nos frontières et nos migrations, aussi bien temporelles que spirituelles, naturelles que culturelles ; si tant est que ces catégories ne posent pas elles-mêmes des frontières à nos migrations.