Maison JOSEFA, défi et art migratoires

Est-ce bien raisonnable de s’engager dans un programme immobilier comme celui de la Maison Josefa ?...

La question est à mettre en relief avec le « raisonnable » que connaissent des dizaines de millions de personnes, déplacées ou réfugiées, parmi nous ; raisonnable, car c’est, pour elles, la seule manière de sauver leur vie.

Sauver nos vies, pour la majeure partie d’entre nous, c’est, plus raisonnablement, chercher à leur donner un sens ; mais quel défi, si l’on ose aborder la question !

L’intuition portée par la Maison Josefa est, précisément et audacieusement, d’aménager, d’emménager, un espace, d’heureuse qualité, esthétique, éthique, économique, au cœur de notre cité européenne, Bruxelles. La Maison Josefa se veut défiante, interpellante : est-il durablement raisonnable de ne pas voir l’opportunité d’hospitalité, de renouvellement de nos pensées économiques, de questionnement de nos formes d’habitabilité, de mobilité, que sont, en leurs présences, les personnes qui ont connu la migration forcée, l’exil ? Et si un espace, une maison, au cœur de Bruxelles, s’offrait à la confiance et à la possible expression de nos libertés migrantes ?

Ce langage n’est pas l’apanage de quelques artistes en mal prophétique, mais bien le lot, expressionniste, réaliste, de migrants forcés en proximité de migrants libres qui, ensemble, se rejoignent, se découvrent, s’écoutent enfin sous un toit dont le destin est de laisser résonner, raisonner, nos migrations en globalité (temporelle et spirituelle). Pas seulement, dans leur destinée dramatique, sources trop souvent d’une économie de l’assistance, mais aussi dans leur révélation poétique, si la qualité de l’espace et des disponibilités s‘y prêtent.

Tel est le défi migratoire que prône, que porte, que partage la Maison Josefa. Bienvenue à chacune, à chacun, en son itinérance, libre ou contrainte.