L’intuition fondatrice de Josefa est que le « vivre ensemble » de notre cité, loin d’être menacé par les « vagues » de migrants, prophétisées par certains, est fécondé, au contraire, par l’hospitalité de ces personnes réfugiées, et offre une opportunité salutaire à notre civilisation, tant pour nos sociétés aujourd’hui que pour les générations à venir…
Faisant tous chemin ensemble ou séparément, nous nous enrichissons les uns les autres, comme nous l’avons toujours fait, tout particulièrement lorsque nous sommes en relation avec ceux qui, obligés de quitter leur pays, leur famille, leur travail, leurs amis, leur communauté, leur terre, ont tout perdu et se sont mis en route pour une destination souvent inconnue, pour venir partager avec nous leur savoir, leurs compétences, leur culture, et même leur vulnérabilité.
Dans ce cadre, Josefa a une approche très novatrice : la personne migrante - que nous sommes tous, d’une manière ou d’une autre, de par notre humanité - n’est pas seulement l’objet du regard objectif que je porte sur elle ni de ma générosité, elle m’invite à me laisser toucher et à changer mon regard non seulement sur elle mais aussi sur moi-même : réciproquement, nous pouvons ainsi partager non seulement nos qualités et nos ressources, mais aussi ces choses, souvent cachées, nos vulnérabilités respectives et nous en enrichir. En effet, il n’y a pas de voie unique d’intégration, mais plutôt des chemins multiples de co-insertion.
En ce sens, se situant autant (voir au-delà) sur le versant économique que social, culturel et convictionnel, Josefa entend redonner à l’Economie un rôle transversal, éthique et durable. Face aux grands mouvements migratoires qui agitent notre monde aujourd’hui, entraînant souvent des réactions de rejet et de repli sur soi, et qui rendent la situation des personnes réfugiées de plus en plus délicate, en collaboration avec différents partenaires socio-économiques, publics ou privés, avec l’appui de ses contributeurs multiples, la Maison Josefa, « habitat solidaire », veut relever, à sa mesure, le défi d’accueillir, héberger et accompagner, dans toutes leurs dimensions, physiques, psychologiques et spirituelles, en vue d’un développement intégral, celles et ceux qui cherchent à sortir d’un exil forcé. Que reste-t-il de nos libertés, lorsque la migration en son cheminement a perdu son esprit d’itinérance et un sens donné à son exode ?
Déployée au cœur de Bruxelles, capitale européenne, la proposition architecturale de l’écosystème « Maison Josefa », voulue vitrine d’un urbanisme innovant, cherche à concilier durabilité et convivialité, continuité et innovation en matière de « vivre ensemble », caractérisée par une juste articulation entre des espaces partagés et des lieux d’intimités : 42 logements, espaces de restauration, centre de médecine, pôle culturel et de méditation ; en effet, elle s’attache à prendre en compte la dignité de la personne résidente, mais veut aussi préserver les possibles entre celle-ci au cœur de la Maison Josefa comme en son proche environnement.
Voici donc l’invitation de la Maison Josefa, figure visible de la Fondation, qui ouvre ses portes avec vous, avec nous, en vue de s’affranchir d’itinéraires prédéfinis, mais sans renier la mémoire de nos traditions aussi diversement européennes fussent-elles. Habitons nos migrations, sans attendre que la voie se dégage : tous, ensemble, migrants, nous sommes déjà en route, en exode, depuis fort longtemps, en oubliant trop souvent que seul le chemin compte. Humains nous devenons, entre hospitalités capacitantes et réciprocités en mouvements d’existences.