Maison JOSEFA, au cœur du temps

Pourrions-nous, sans abus de langage, parler de migration pour un bien immobilier, pour une maison, alors qu’elle est généralement immobile, figée, sédentarisée, attachée à un sol, à une empreinte foncière ?

En fait, rien n’empêche celles et ceux qui, au cours de leur vie, ont dû quitter leur maison, la voir démolie, transformée, parfois embellie, de se poser la question.

Qu’est-ce qui, en effet, au fil du temps, au cœur du temps, fait qu’une maison semble traverser les âges sans migration a priori, alors qu’une autre maison, au contraire, connait moult ravalements, aménagements, légers ou lourds, au point de plus être reconnaissable à travers les générations ?

Faut-il s’émouvoir de ces changements, durables ou éphémères, traitements fondamentaux ou de surface ? La question est ouverte.

En quelque sorte, ce qui interroge la mémoire humaine résonnerait-il avec une géo-mémoire ou mémoire des « murs » ?

Il faudrait alors, par-delà la matière construite, par-delà les « briques », écouter l’énergie, l’esprit de la maison ou bien encore regarder son esthétique, étudier son économie.

Et, c’est précisément à cet endroit que Josefa ose se questionner eu égard aux transformations de ses immeubles au centre de Bruxelles, à Ixelles. Que préserver, qu’abandonner de la tradition de la maison, de son esprit ? Que garder pour assumer, assurer une juste transmission, un geste signifiant pour aujourd’hui et pour les générations futures. Oui, la recherche d’un label « maison passive » ou « basse énergie » est rationnelle, efficace, rentable ; mais que restera-t-il du langage de la Maison Josefa dans les années à venir si, autour d’elle (elle y compris), tout est « efficacement » repensé, aménagé ?

Chacun d’entre nous (en tout cas une majorité) n’a-t-il pas un peu de son cœur attaché à l’une ou l’autre maison ? Cette maison que l’on chérit ou que l’on pleure, en cas d’exil.

De la même manière, en particulier depuis 1952, la Maison Josefa a connu et connait une histoire singulière : hier hébergement de jeunes femmes en scolarité, aujourd’hui espace de résidences et d’activités pour nous, tous migrants. La Maison Josefa semble simplement se laisser bouger par les évènements historiques. Qu’en restera-t-il dans 50 ans, 100 ans, 1000 ans, nul ne le sait. Ce qui est sûr, aujourd’hui, c’est que Josefa nous invite à franchir son seuil, pour, ensemble, affecter, préserver, embellir, au risque de l’excès, sa présence au monde, en cette belle commune d’Ixelles aux habitats pluriels.