Pourquoi la Fondation Josefa m’a séduit ?

Revenu en Europe après avoir vécu plus de la moitié de ma vie en Afrique dans plusieurs pays et dans des activités diverses, j’ai retrouvé, récemment, une France bien malade comme d’autres pays européens. Sans doute malades de la crise économique et financière, mais surtout malades dans leur culture : la peur des étrangers et les exclusions xénophobes cristallisent un repli sur soi dangereux aujourd’hui et, surtout, pour l’avenir.

« Le monde se transforme et nous aussi, qui devons comprendre ce qu’il convient de changer au plus profond de nous-mêmes : à l’échelle de la planète, faire rimer mondialisation et humanité »[1].

Au-delà de l’aide immédiate à des migrants, la Fondation Josefa a l’ambition de travailler sur ce « vivre ensemble » qui est sans doute un enjeu majeur de notre temps.

Ce qui m’intéresse, c’est, si je puis dire, « l’angle d’attaque », à savoir l’insertion réussie d’étrangers dans nos pays à travers ses diverses composantes : économique, sociale, culturelle, psychologique et spirituelle, en un mot comportant l’intégralité de l’être humain. Par ailleurs, le moyen choisi, le logement, me paraissait approprié. Je parle d’attaque car il s’agit effectivement de lutter contre les dérives xénophobes dans lesquelles nos pays occidentaux sont entraînés de manière croissante. Pour moi, deux défis majeurs engagent l’avenir de notre planète et de l’humanité : sans doute la maîtrise de notre environnement physique, car, si nous ne respectons pas la nature, elle peut se rappeler à notre souvenir ; mais aussi et surtout une cohabitation juste et équitable des peuples et des personnes. Surmonter la peur, nous accueillir et nous recevoir réciproquement, changer de regard les uns sur les autres, c’est la démarche de Josefa qui me séduit. La multitude variée des visages, des couleurs, des coiffures, des tenues vestimentaires des hommes et des femmes qui s’entassent chaque jour dans nos métros, image de notre humanité arc en ciel, m’émerveille plutôt qu’elle ne m’effraie.

Ce défi du vivre ensemble comporte pour moi une dimension spirituelle : il exprime l’amour des autres qui est le cœur de notre foi. Sans doute, je ne souhaite pas que cette inspiration soit mise en avant d’une manière quelque peu exhibitionnisme : pas besoin d’étiquette chrétienne, puisque, d’ailleurs, l’église n’a pas le monopole de la charité. Une certaine pudeur me pousse à la discrétion dans l’expression de ma foi : pas seulement pour des raisons tactiques ou diplomatiques, la peur de voir des portes se fermer. J’utiliserai volontiers un slogan publicitaire : « ce qui ne se voit pas à l’étalage se trouve à l’intérieur » et un mot d’ordre d’une autre époque : « faire mystère ». Les engagements de notre vie doivent questionner ceux qui nous voient, comme le comportement des premiers chrétiens dont on disait : « voyez comme ils s’aiment ». Les gestes doivent précéder les paroles lesquelles les interprètent, les commentent et leur donnent sens. Trop longtemps, on a fait l’inverse et on en voit les résultats. Et je ne partage guère la tendance actuelle de l’église portée par ce qu’on appelle « nouvelle évangélisation » qui se préoccupe surtout de sa visibilité et de sa représentativité dans une certaine nostalgie de chrétienté. Je partage plutôt l’aphorisme de Mgr Rouet, ancien archevêque de Poitiers : « on ne nous demande pas d’être nombreux, mais d’avoir du goût ». Le sel dans la nourriture, le levain dans la pâte, voilà les figures qui m’inspirent et que je retrouve dans la démarche de la Fondation Josefa.

Jean-Louis



[1] Manifeste du nouveau Témoignage chrétien : « tu es le gardien de ton frère ». N° 3524 du 9/3/2013. Appel à signature.