Migrations et Civilisations : Habitat commun ?

Si nous pensons quelque peu le rapport entre Migrations et Civilisations, la question surgit : de quoi, de qui parlons-nous ?

De manière assez fondamentale, eu égard aux analyses en cours, qu’elles soient, biologiques, génétiques, anthropologiques…, un consensus émerge : celui de l’unicité de chaque parcours humain, de chaque itinéraire vivant.

Dès lors, est-il encore possible de parler de civilisation(s) ? Sur quelle base « unitaire » ou « unifiante » s’accorderaient encore nos diversités humaines constituées du métissage de nos migrations, entre autres, spatio-temporelles ? Il ne s’agit pas de s’inscrire éperdument dans un relativisme à toutes épreuves, mais, bien au contraire, de revenir à ce qu’est notre « habitat commun ».

Le défi qui apparait alors est, en quelque sorte, de se libérer de ce désir trans-historique de chercher à faire corps à tout prix, d’associer « de force » des individus au nom de quelques notions bien discutables, voire discutées : nation, population, identité, groupe… Osera-t-on s’éloigner de catégories a priori (dont les trop fameux « les migrants » versus « les civilisés » face aux « barbares ») ? Osera-t-on (vous, moi) s’alléger du poids « sociologico-politique » d’une Académie qui situe l’individu comme attaché à un groupe ?

En quelque sorte, selon la vision Josefa, sans en faire une vérité ou un dogme, il pourrait être, certes risqué, mais vivifiant, de penser une première étape, à savoir celle de considérer nos migrations (à chaque fois, individuellement, unique) comme déploiement évolutionnaire de nos civilisations. Une seconde étape serait de questionner la notion même de « civilisation » : Fin ou moyen ? Cause ou effet ? Statut ou processus ? Là encore, le challenge, ou la volonté, pourrait être de chercher à nous libérer de « carcans » qui réduisent la possibilité de recevoir et d’offrir, chacune, chacun, à notre manière, la part, notre part unique, à notre Habitat commun.

En sorte que, tournés vers l’avenir qui s’en vient, l’Habitat commun entre nous, uniques, n’est pas de l’ordre de la défense à tous crins d’une civilisation (culture, religion ou autres modernités) et d’un choc inévitable à l’encontre d’une autre civilisation, mais du rapport à une réception dynamique entre « civilisations » : nos migrations sont civilisations et fondent en cela notre Habitat commun en perpétuelle construction au gré/degré de chaque nouvelle entrée (ou disparition) d’un vivant unique, en particulier humain. A chacun, le sens est donné.

Gilbert