Je ne t’appellerai plus "migrant" ; pourquoi ?

Car nous sommes tous migrants, toi comme moi. Amis ou ennemis, nous sommes frères, frères en humanité, frères en migration ?

Tu n’es pas davantage migrant que moi ; tu l’es sous une autre forme, la tienne, uniquement la tienne.

Je ne t’appellerai plus migrant, car tu ne m’appelles pas migrant : pourtant, nous le sommes ; il n’est pas nécessaire de le rappeler en insistant sur la condition de l’un et pas celle de l’autre, créant ainsi un fossé entre nous. Nous suivons la même voie, le même chemin, cherchant la même vérité, et avons la même soif de vie.

Pourquoi devrais-je d’ailleurs t’associer à un groupe, « les migrants », réduisant ainsi ce que tu es à cette détermination ; tu ne le fais pas pour moi ? Alors pourquoi ? Pourquoi ce vent sur nos pays européens qui crée des frontières alors qu’il veut les ignorer (le propre du vent) ? D’où vient ce besoin permanent de vouloir donner une étiquette, un label à autrui ? Pourquoi ? La peur ? La volonté de distance ? Le désir ou la certitude de se savoir, avec d’autres, supérieurs, davantage « développés » ?

Tout cela parait bien surréaliste, et pourtant ? Migrant, je suis ; mais je préfère garder ce terme pour « les migrants », les vulnérables, objets d’assistance, d’intégration, d’accueil…

Bien sûr, il ne s’agit pas ici de tout jeter/rejeter, au risque de confusion entre « le bon » et « le mal ». Mais, pourquoi coller des étiquettes, même si, politiquement et socialement, cela puisse se concevoir. En fait, nous parlons de nous et de notre liberté d’être-migrant (ou non). Migrants, nous le sommes, en devenir, comme l’est notre humanité…