Migrations migrantes

Que deviendront nos migrations sans une politique elle-même migrante ? Sans doute, est-ce là un défi majeur pour la realpolitik bien paradoxale aujourd’hui, entre autres, en Europe…

S’il s’agit de penser un autre regard en matière d’enjeux migratoires au vu du peu d’efficience dans ce que le monde politique propose, ne faudrait-il pas d’abord s’interroger sur ce qui est vu ou, mieux, regardé lorsque la pensée se questionne sur l’être migrant ?

De fait, si consensus politique il y a eu quant au défi migratoire, il est bien fragile et régulièrement mis à mal, dans un sens (accueil, attention) ou dans un autre (rejet, défiance) envers celles et ceux qui se voient affublés du titre de « migrants ».

Et évidemment, cela s’entend puisque chaque corps politique, médiatique, social, y va de sa propre musique comme si une vérité était clairement établie pour dire qui est ou qui n’est pas migrant.

En « réalité », nos yeux divergent selon notre propre parcours : pour un tel, je suis un « gentil » migrant, pour un tel, je suis un « affreux » migrant, et ainsi de suite… et réciproquement. Cela dépend clairement de qui regarde qui, selon quelle modalité, et quelle économie.

Pour tout dire, nos migrations en deviennent elles-mêmes migrantes selon qui les regarde de l’intérieur ou de l’extérieur, selon leur nature, leur esprit…

Il y a vraiment de quoi ne plus rien y comprendre… à moins qu’enfin, chacun, chacune, en son corps, veuille bien penser, ressentir, nos migrations en migrations : « tous migrant », sans y regarder de trop près, c’est-à-dire avec une juste distance qui permet à autrui de se dire et donc se forger un avis sans précipitation sur autrui.

Ensemble nous sommes, comme ensemble nos migrations sont : migrant.