Flux politiques et autres migrations européennes

À ce jour, l'actualité au Moyen Orient, entre autres, les afflux de personnes migrantes sur les côtes européennes, italiennes en particulier, et à Calais, entre autres, la diversité grandissante des peuples des cités européennes, à l'image de Bruxelles, invitent à un regard renouvelé sur la migration et les flux migratoires particulièrement en Europe…

En lutte face au risque de l’indifférence, cette attention est fortement encouragée, entre autres, par le Pape François et par les instances européennes.

Jusqu’ici, la question posée en matière de migration et d’intégration (voire d’assimilation) est généralement abordée en termes quantitatifs et problématiques et non pas en termes de cheminement commun, de co-insertion pour lesquels les uns et les autres se reconnaissent sur le seuil d’un devenir, d’un vivre-ensemble renouvelé, durablement pacifié, éthiquement fécond.

Josefa, avec d'autres institutions, invite à se rappeler que la migration est avant tout humaine et que, libre ou contrainte, elle concerne un homme, une femme, un enfant, une famille, une communauté, religieuse ou non, bref un visage, un regard.

Il est plus que nécessaire et urgent d'entendre que la migration concerne tout homme, directement (liberté de mouvement, asile, migration, insertion) ou indirectement (mémoire, hospitalité, rencontre) et surtout tout l’homme (cf. en juin 2013 la Déclaration des chefs religieux à l’initiative du Haut-Commissariat pour les Réfugiés).

Entendre en chacun d'entre nous un migrant, écouter ceux qui ont vécu un exil, une migration forcée, est un enjeu pour notre présent et pour les générations futures, en termes sociaux mais aussi économiques. La migration en Europe est un fait, un droit et une opportunité pour nos sociétés en quête de ressources/compétences humaines, de renouvellement de leur économie : quelles plus grandes forces créatrices que celles d'entrepreneurs réfugiés expérimentés et qui doivent (se) reconstruire, ensemble, avec chacun d’entre nous, de manière ethique et durable, pour leur bénéfice comme pour celui de leur société hôte ? Le défi radical demeure de valoriser le Bien commun autour des « ressources vitales » que nous partageons.

Plus fondamentalement, une Europe en quête de valeurs, d’horizons communs peut et doit se laisser toucher par la venue/présence de personnes migrantes, réfugiées sur les terres européennes si fécondes, au cours des siècles, en matière d'hospitalité.

Dès lors, en guise de proposition, ou de questionnement, il semble qu'à la suite des responsables de nombreuses confessions religieuses, comme de nombre de personnalités politiques, en lien avec les nombreux acteurs œuvrant pour une nouvelle approche migratoire européenne, il faut relever l'enjeu de favoriser en profondeur un changement de regard, puis d'attitude.

Le migrant, ce n’est pas l'autre, objet de mon regard, de « ma charité », mais moi, hier, aujourd’hui, demain.

Quant aux frontières, elles sont certes inscrites comme marqueurs de sécurité ou d’identité, mais elles doivent exprimer aussi ce qu’elles sont : passages et échanges.

Les flux migratoires sont une réalité opportune pour vivre l'hospitalité, la fécondité de la rencontre, le déploiement de nos économies, tangibles ou intangibles, et surtout pour redonner un sens coronal aux valeurs que l'Europe est censée incarner : mémoire, diversité, égale dignité entre tous les hommes, et esprit de partage de "nos richesses", fruits, s’il en est, des migrations intra et extra européennes.

Il est bon que nos leaders politiques perçoivent qu’inscrite au cœur d’une gouvernance européenne, voire mondiale, des migrations, leur opinion et leur migration personnelles sont au service de la communauté européenne dans son ensemble. Elles servent aussi l’esprit dont rayonnent les pauvretés et les richesses de l’Europe, engendrées par les flux migratoires constitutifs de l'histoire humaine en son actualité comme en son devenir au service d’un Bien commun universel pleinement enrichi par les migrations des uns et des autres, au service de la paix des nations européennes et en respect des libertés particulières : afin de construire un monde « sans frontières » (Message du Pape pour la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié, janvier 2015).