67 et quelques autres…migrants ?

L’utilisation du terme migration n’est-elle pas en premier lieu l’objet d’une hypocrisie humaine flagrante et délictuelle ? Qui est de quel côté de quelle frontière ? Qui sommes-nous (d’un « meilleur » côté) pour refuser le mouvement de l’autre (d’un « moins bon » côté), mon alter humain, pas moins ou plus migrant que moi-même dans ce monde ? Qui d’entre nous ne vient-il pas d’ailleurs que de là où il habite, loge, vit, demeure ?

Quelques-unes de nos multiples frontières à titre d’exemple : campagne / ville ; centre-ville / périphérie ; capitale / province ; régionale  / communale ; nationale / européenne ; européenne / internationale. Et nous pourrions décliner bien davantage.

Toutes ces frontières géo-institutionelles me poussent à me cacher derrière les miennes : les frontières de mon hospitalité, de ma générosité, de mon altruisme, de ma charité. Combien de frontières / barrières ai-je en moi m’empêchant d’accueillir autrui ?

Que demander alors à nos gouvernements, dont la riposte, déjà bien pétrifiée à cet égard, se renforce à chaque nouvelle élection ?

« 67 personnes détiendraient une fortune équivalente à celle de 3,5 milliards de personnes »[1] : dernier scoop médiatique et personne ne semble s’étonner, réagir !

Cette équation me semble suffire à elle-même en termes de réponse. De quelle autorité, moi, plutôt du bon côté de la frontière, puis-je me permettre devant certaines de ces 3,5 milliards de personnes de leur demander de ne pas franchir la frontière du territoire dans lequel il se trouve que je suis né, que j’habite.

Ne serait-il pas plus légitime de demander à ces 67 personnes  de déplacer la frontière de leurs portefeuilles, plutôt que de dépenser fortunes publiques à tenter « d’endiguer des flux migratoires » ?

L’homme des cavernes, l’homme des bois ne s’est-il pas toujours déplacé pour survivre ? Au 21ème siècle, n’est-ce pas enfin à l’homme « fortuné » de se déplacer pour laisser survivre ses frères en humanité, « riches de leurs vulnérabilités » ?