Tous migrants

En ce temps de rentrée, Josefa renouvelle son désir de nous inviter à penser, repenser notre rapport à notre humanité migrante, notre relation à notre condition fondamentalement migrante. Ce n’est pas l’énoncé d’une vérité conceptuelle, ni la création d’une supercatégorie « migrant », mais, plus simplement, plus radicalement, l’ouverture à un possible regard de proximité avec « ma migration ».

Me faisant proche de ma migration, la reconnaissant mienne, singulièrement, qu’elle soit libre ou forcée, temporelle ou spirituelle, physique ou psychologique, dans l’espace ou dans le temps, j’en deviens moi aussi : « tous migrants ».

Pourquoi exclure, discriminer, catégoriser, un pan de notre humanité, quelques-uns qui seraient davantage « migrants » que moi ?

Pourquoi revendiquer des droits de mobilité, de circulation pour soi, voire, généreusement, pour autrui (si du moins autrui en a exprimé le désir et en a délégué la demande) alors qu’il s’agit de notre humanité, de sa part qui lui permet de se déplacer, d’être en devenir ? A quoi serais-je réduit si j’étais seulement attaché à une identité que d’autres auraient définie, déterminée, pour moi : parents, amis, société, organismes sociaux, défenseurs des « minorités », politiques, médias, ennemis… ?

Tous migrants, affaire de tous, destinée de tous, car fondement de notre condition humaine : si je ne suis pas, plus en mouvement, si je ne suis pas, plus en mouvement, si je nie, ou si me sont reniés, ma capacité de migration, mon « être migrant », je meurs à moi-même et aux autres, aujourd’hui et demain.

Attention, bien sûr, à ne pas tout confondre : tous, nous ne sommes pas migrants forcés, exilés, contraints à fuir, à quitter notre terre d’origine, de résidence, de prédilection, voire d’élection.

Mais, tous, nous sommes potentiellement, capablement, invités à nous regarder, à nous découvrir migrants, élément essentiel de notre condition humaine, de notre expression humaine, de notre construction humaine.

Défis ou réalités : tous migrants.

Gilbert