Pourquoi nos migrations ?

Au vu du traitement politique, médiatique, social, voire économique, du phénomène migratoire, l’enfermant dans une drôle de visée où les uns, « indéfinis », s’accordent à « aider » les autres, « les migrants » (objets d’une détermination identitaire, mais sujets guère mieux « définis »), est-il encore possible de s’interroger sur le « pourquoi », sur le sens de nos migrations, de nous tous ?

Depuis 2012, à Bruxelles, la Fondation Josefa tente de relever ce défi, opérationnellement, au sein et au seuil de la Maison Josefa, mais aussi politiquement, en déployant sa vision « Tous Migrants » selon une approche globale : physique, psycho-intellectuelle et spirituelle.

 

N’en déplaise à certains, voire à la majorité des gens, le phénomène migratoire ne peut être abordé que de manière globale (sociale, économique, culturelle et confessionnelle), sans confusion des singulières unicités de chacun, mais sur le fondement que sont nos migrations à notre humanité.

Dès lors, la question du « Pourquoi nos migrations » à travers les siècles, hier, aujourd’hui comme demain, n’attend pas nécessairement une réponse, mais bien davantage un regard en profondeur sur le sens de notre condition humaine inhérente de nos migrations, en quelque sorte une contemplation de nos migrations.

Ce constat, cette attitude (a minima pour certains membres de l’équipe Josefa) sont bien loin d’être partagés. En effet, l’urgence humanitaire, les intérêts politiciens, les jeux médiatiques et, malheureusement et souvent légitimement, l’économie sociale (l’aide subventionnée), masquent, voire empêchent, l’accès à la question fondamentale : « Pourquoi ? ». Le questionnement porté aujourd’hui par certains sociologues, anthropologues ou acteurs socio-politiques se prend l’esprit dans une lettre fort usée : la recherche de causes premières : le développement, l’éducation…, bref, la recherche de solutions à un dit problème (y compris quand certains osent donner des vertus spécifiques - économiques, culturelles, culinaires… - à la présence « des migrants ») qui va jusqu’au paradoxe : « je n’accepte pas mon voisin, car il aurait des idées politiques à l’opposé des miennes, voire un statut social inaccessible pour moi, mais je me fais hôte ou ami « d’un migrant », parce que c’est « un migrant », sans même savoir si potentiellement il n’est pas mon pire ennemi et pas seulement politique.

Certes, les défis humanitaires sont énormes en cas de guerres ou de violences et il ne s’agit aucunement de nier la nécessité d’interventions. Mais, cela ne doit en aucune manière (au risque, comme aujourd’hui, d’un échec politique) occulter la nécessité urgente de s’accorder sur l’étonnement qui s’impose autour du « Pourquoi ? ».

En effet, notre monde se perd et se déchire politiquement et financièrement (que d’argent gaspillé !) dans le « comment » ou le « quoi faire ».

Avec Josefa, accordons-nous avant tout sur le fait que nos migrations sont le fondement de notre humanité. Et alors, le « Pourquoi » peut émerger. Une phénoménologie de notre être-migrant se fait vivante. Assurément, cela n’enlève en rien le respect pour la dramatique de nombre de nos migrations, mais s’interroger sur le « Pourquoi » c’est offrir du sens là où la plupart d’entre nous, (certes, pour ceux qui le vivent comme tel dans leur chair, ce peut être légitimement et pleinement justifié), ne donnent que des réponses vides de sens.

Nos migrations ont un sens qui nous échappe, surtout car peu veulent les interroger et, par-là, leur offrir la possibilité d’un sens in-défini car mystérieux (c’est d’ailleurs peut-être pourquoi notre monde rationaliste ne s’y prête pas) : prix et fruit de notre humanité migrante. Chaque migration est unique, chaque migrant est unique.

Le sens se dévoilera si notre liberté humaine prend le risque du « pourquoi ».