Migration créatrice

La migration se présente parfois comme une prise de distance à la vertu de survivance. Dans ce cas, l’éloignement, pour ne pas dire l’exil, a pour unique objet initial de ne pas perdre la vie sous les coups aveugles de la violence meurtrière…

Une fois la migration engagée, sous contrainte, il s’agit de trouver un espace, un tiers, un autre, qui favorisent la reconstruction. Cette reconstruction passera par la solitude singulièrement inopérante, par un habitat sécurisé au sein duquel la mémoire peut à nouveau se rendre présente à elle-même, retrouver une zone du passé encore vierge d’exil et donc où le climat d’hospitalité, de proximité est source de réparation.

Si ces conditions de sens sont exercées, la migration peut alors se trouver une nouvelle voie recréatrice. La survivance fait place à la vie. La représentation imaginaire peut enfin respirer dans le réel. Le corps abimé découvre au travers de la présence d’autrui (cette fois-ci non menaçante) une dimension spirituelle qui rend la capacité de vivre.

L’esprit d’humanité a survécu aux blessures du corps torturé par la contrainte migratoire. Puisque le corps a été abimé dans sa capacité de confiance, c’est bien par la « conversion », par la migration spirituelle que peut se pacifier potentiellement la migration forcée.

Un sens au croisement du fondement et de la finalité peut se voir redonner et proposer une unité durable sur nos chemins de migration partagée. La migration prend alors de belles couleurs créatrices, sources d’exister.