JOSEFA, Maison de Paix, espace paradoxal d’intériorité

Le Pape François a parlé de la planète en termes de « maison commune », une maison dont nous, humanité, avons la charge. Dans cette voie, la Maison Josefa se dévoile comme un passeur qui encourage nos sociétés à traverser de la terre de la peur à celle de la confiance ou de la « foi » (la « foi anthropologique »), c’est-à-dire, à faire le pari qu’accueillir l’autre contient la promesse d’un grand bien, et que cette promesse sera accomplie au-delà des dangers et des souffrances de la route, au rythme et en vue de notre Maison Commune…

D’ailleurs, religions et spiritualités n’ont-elles pas en commun certains principes humanistes universels, à l’instar de la règle d’or qui, prescrit d’agir envers autrui comme on voudrait qu’il agisse envers nous-même ?

Dans cette veine, il semble essentiel de penser des espaces afin de « pallier » le manque de lieux, dans notre société, où chacun peut cultiver la dimension spirituelle de sa vie d’une manière ouverte et libre, hors du champ trop restreint d’une religion ou d’une doctrine particulière. Au sein de la Maison Josefa, l’espace d’intériorité se présente comme un lieu d’effervescence créatrice où chacun, intervenant ou participant, pourra contribuer à l’exploration d’une question majeure : quelle vie spirituelle, personnelle et communautaire, pour aujourd’hui et pour demain ?

Afin d’accéder à cette « quête » de sens, l’espace Josefa doit s’entendre d’une lente progression afin que chacun puisse librement établir un contact avec les éléments atmosphériques et assurément éviter une arrivée finale en ligne droite irrespectueuse : il faut franchir une enceinte protectrice avant d’atteindre l’espace « sacré ». Grâce aux jeux de la lumière, il s’agit de chercher à montrer l’invisible et à « toucher le cœur des hommes ». Cet espace Josefa se veut voie propice à la méditation : « l’homme écoute la voix des éléments naturels ou surnaturels, déchiffre leur souffle et leur essence ».

Il est bon de rêver à un espace et à un temps où chaque personne présente serait touchée, éveillée à sa propre spiritualité, par la grandeur, la beauté de ce qui s’offre à la commune perception. L’expression forte du sens de l’expérience spirituelle donnera à pressentir l’enjeu de la confiance en l’Autre. L’art, authentiquement et nécessairement présent n’est alors aucunement racoleur : il s’offre à la contemplation libre.

Il est clair qu’au sein de l’espace Josefa, l’artiste et l’architecte trouveront une occasion d’accomplir leur création dans la rencontre de l’expérience paradoxale d’intériorité : le travail sur les espaces et le temps ouvrira à l’approfondissement des expériences humaines avec en prime une potentielle offre de dynamiser le génie créateur de chacun.

Ces propos, mis au regard d’une longue histoire des rapports entre art et foi (au sens spirituel), pourraient paraître d’une grande banalité. Peut-être faut-il quand même les tenir aujourd’hui pour contribuer à un renouvellement des consciences versus œuvre de Paix ? Pour encourager les institutions, religieuses et les autres, à développer un dia-logue désintéressé, mais ouvert, avec les créateurs d’aujourd’hui, et même avec ceux qui se disent loin de la « foi » ou de toute expérience spirituelle.

En quelque sorte, de manière parfois paradoxale, la démarche de Josefa se justifie par un souci de coopération et de dialogue en altérité, entre le migrant et l’artiste, tous en quête, d’une manière ou d’une autre, d’une expérience créatrice au sens du dévoilement esthétique. A la condition qu’un temps et qu’un espace leur soient proposés : tel est le sens de la proposition Josefa. L’être humain gagne à scruter « la présence divine » en lui, autour de lui. En scrutant l’être humain et les représentations du monde qui l’habitent, l’artiste a la possibilité de favoriser voire de dévoiler l’expérience du « divin ». Il nous semble que le « Dieu qui se donne », « l’Autre qui se présente en sa migration », ne peut qu’aimer cette matière paradoxale de l’œuvre d’art et d’intériorité, cette présence de l’esprit, dans les apparences du sensible voulues par la Maison de Paix dont rêve la Maison Josefa en son intériorité.